Le Chat noir, célèbre cabaret de Montmartre
Le petit chat perdu
C’est au 84 du boulevard Rochechouart, en novembre 1881, que le Chat noir pose une première patte sous l’impulsion de son maître, Rodolphe Salis, un artiste frustré qui devient tenancier d’un débit de boisson où le mauvais vin et l’absinthe préférée de Victor Hugo coulent à flots. Le cabaret, aujourd’hui si célèbre mais encore inconnu à l’époque, doit son nom à un pauvre chat noir perdu sur le trottoir où le cabaret est en travaux. Ému par le triste petit félin, Rodolphe Salis qui n’imagine pas un instant la destinée du Chat noir en fait son enseigne.
Le chat a la bougeotte
Rapidement les peintres et les poètes fréquentent cet endroit qui fait tout pour les attirer puisque Rodolphe Salis créa le Chat noir avec l’idée d’associer art et lieu de convivialité. Le succès est au rendez-vous et le Chat noir déménage pour s’établir dans un immeuble de trois étages au 12 rue de Laval, devenue rue Victor-Massé. Des illustrateurs comme Caran d’Ache en décorent les différentes salles. D’autres artistes apportent leur art et leur touche au cabaret qui arbore une décoration fantaisiste et bigarrée et offre un cadre pittoresque aux artistes, comme la célèbre Betty, qui s’y produisent. Mais le Chat noir, épris de nouveauté, refait ses valises pour les poser au 68 boulevard de Clichy. Ce sera sa dernière adresse.
Le chat fait des petits
Le Chat noir ne se résume pas à un cabaret aussi connu soit-il, c’est également une revue, La revue du Chat noir, destinée dès 1882 à promouvoir le lieu. Chansonniers et poètes qui incarnent l’endroit contribuent à l’hebdomadaire ainsi que d’illustres auteurs, notamment Paul Verlaine, mais aussi le poète, romancier et auteur dramatique Jean Richepin et le romancier et essayiste Léon Bloy. Ce sont 810 numéros qui paraitront jusqu’en septembre 1897, illustrés par des artistes comme le peintre et affichiste Théophile Alexandre Steinlen dont l’affiche est si connue aujourd’hui.
Mémoire de chat
À la revue, s’ajoute une chanson, Au Chat Noir, écrite et interprétée par le célèbre Aristide Bruant qui relate les errances d’un parisien « qui cherche fortune tout autour du Chat noir, à Montmartre le soir ». S’ajoute également cette fameuse affiche de Steinlen dont les touristes du monde entier s’arrachent encore la carte postale et les mugs qui la reproduisent, celle de la Tournée du Chat noir. Elle contribua beaucoup à la célébrité du cabaret.
Un siècle et quelques décennies plus tard que reste-t-il du petit Chat noir de 1881 ? De nombreux cabarets de par le monde qui portent ce nom illustre, une enseigne conçue par l’artiste Adolphe Léon