Suzanne Valadon, une icône de Montmartre
Une modèle plus qu’attentive
Alors qu’elle ne se prénomme pas encore Suzanne, ce pseudonyme lui est attribué par son amant Henri de Toulouse-Lautrec car elle pose nue pour des hommes âgés, mais Marie-Clémentine, mademoiselle Valadon sait tout faire. Bonne d’enfants, apprentie modiste, trapéziste, dessinatrice… Une mauvaise chute met fin précipitamment à son avenir dans l’univers du cirque, mais sa fréquentation du milieu artistique et sa beauté singulière font d’elle un modèle qui pose pour les plus grands, Puvis de Chavannes, Renoir, Steinlen… C’est lors de ces longues séances de pose qu’elle se nourrit des techniques des peintres qu’elle observe avec attention.
L’art dans le sang
Suzanne, qui a de nombreux admirateurs dès son adolescence, tombe sous le charme méditerranéen du bel aristocrate espagnol Miguel Utrillo y Molins, homme de lettres et artiste peintre, et de ces amours naitra Maurice, alors qu’elle n’a que 18 ans. Comme chacun sait, le petit Maurice suivra l’exemple maternel pour devenir le grand Utrillo ! Longtemps elle cache le nom du père qu’elle prétend ne pas connaître, mais Miguel Utrillo rend souvent visite à l’enfant rue Tourlaque où Suzanne vit avec sa mère dans la maison qui abrite l’atelier de Toulouse-Lautrec, avant de le reconnaître.
Du dessin à la peinture
Suzanne et Henri de Toulouse-Lautrec ne se quittent plus et l’artiste en devenir suit le peintre dans toutes ses sorties, même nocturnes ! Ils fréquentent les mêmes amis et en particulier Edgar Degas. Toulouse-Lautrec suggère à Suzanne qui dessine aussi bien à la mine de plomb, au fusain qu’à la sanguine de montrer à Edgar l’ensemble de ses dessins. Enchanté par les productions de la toute jeune artiste, le peintre déjà célèbre prend Suzanne sous son aile et devient son professeur. Il apprécie son style marqué par des lignes vives, convaincu de son talent, il l’encourage à poursuivre et lui achète ses premiers dessins.
Reconnue de son vivant
La galeriste et marchande d’art Berthe Weill est un autre soutien important de Suzanne Valadon, elle lui ouvre les portes de nombreuses expositions de groupe et de trois expositions personnelles. Reconnue, exposée, l’artiste, perfectionniste et de caractère, connaît un vrai succès qui dépasse les frontières françaises et lui permet de vivre agréablement de son art. Après la rue Tourlaque, elle emménage 12 rue Cortot avec son premier mari, puis quitte Montmartre, pour s’installer avec son deuxième époux, de 21 ans son cadet et ami de son fils, dans un château de la région lyonnaise. En 1931, elle participe aux expositions de groupe de la Société des femmes artistes modernes - la Société des FAM - et, c’est entourée de ses illustres amis, Braque, Derain, Kars et Picasso, qu’elle s’éteint en 1938.